Disponible depuis quelques jours dans le Game Pass PC et console, Lake est une nouvelle expérience relaxante qui vous charge d’une tâche singulière : livrer du courrier dans une petite bourgade américaine des années 1980.
Publié le premier jour de septembre 2021 sur l’écosystème Microsoft, Lake est la première expérience narrative de Gamious, petite équipe des Pays-Bas jusqu’ici habituée aux puzzle-games mobiles. Cette production éditée par Whitethorn Digital et fraîchement publiée dans le catalogue du Game Pass fait la part belle aux tranches de vie classiques et au voyage contemplatif. Un périple particulièrement paisible vous attend sur les routes de Providence Oaks, une bourgade où tout le monde semble profondément lié.
LE FACTEUR HUMAIN
Éreintée par un boulot de programmatrice trop envahissant, Meredith Weiss s’octroie une bouffée d’air frais de deux semaines dans sa petite commune natale. Seulement l’heure n’est pas tout à fait au repos, la jeune femme se voyant chargée d’endosser le job de facteur de son père le temps des vacances. Pas agacée pour un sou, la voilà qui prend quotidiennement le volant de sa petite fourgonnette pour délivrer lettres et colis aux habitants du coin. Au rythme des mélodies douces d’une radio qui devrait parfois changer de disque, le joueur s’oublie très vite sur les routes particulièrement calmes de Providence Oaks ; L’expérience, hautement relaxante, oscille dès lors entre la quiétude et la somnolence et s’apprécie davantage un peu plus au gré des matinées de travail. À l’écart de la société moderne, Providence Oaks baigne par ailleurs dans une constante tranquillité ; une atmosphère encouragée par l’époque pré-numérique choisie pour cadre : les années 1986, quand les vidéo clubs tant adorés vivent encore leur heure de gloire.
Difficile en revanche d’apprécier le voyage pour son approche contemplative ; si les décors affichent certes un cachet relativement charmant et de jolis effets de lumière, ils accusent un léger clipping, une caméra capricieuse et un manque de finesse global. Aussi la besogne de factrice suit fréquemment les mêmes routes et prend les mêmes arrêts, lesquels sont indiqués par une petite carte qui méritait davantage de précision. Ainsi si la tâche se montre reposante, elle est tout autant redondante et machinale. Et le pas de Meredith est excessivement lourd, voire d’une lenteur particulièrement douloureuse. Heureusement, sa fourgonnette, loin d’être pour autant un véhicule de compétition, profite d’une vitesse constante dont la conduite devient assez facile à prendre en main.
LAKE TRACTION
Entre deux tournées, Lake forge sa matière narrative dans une poignée de tranches de vie qui ne manquent pas d’authenticité. Amie d’enfance perdue de vue, gérant d’hôtel particulièrement hostile, prétendants amoureux : Meredith enchaîne retrouvailles et rencontres. Ces dernières héritent d’une proximité si rapide avec la protagoniste qu’elles en deviennent presque déconcertantes. Les habitants de Providence Oaks ne se gênent pas pour confier à notre factrice çà et là quelques quêtes secondaires de livraison ; une mamie un poil aigrie vous demandera notamment sans vergogne d’apporter son chat empoté au vétérinaire, tandis qu’une gérante d’épicerie vous chargera de prendre quelques clichés de la ville avec son appareil jetable argentique. De quoi apporter un peu de fraîcheur à vos journées. Mais de façon plutôt contraignante, Meredith se retrouve souvent dans l’incapacité de poursuivre son travail habituel une fois qu’une requête lui est confiée (celle-ci prenant généralement la forme d’un paquet à livrer). Un peu d’organisation est donc de mise pour ne pas s’engager dans des détours laborieux.
Les personnages que vous croisez font aussi volontiers part de leurs problématiques somme toute attachantes. Notons d’ailleurs que le doublage de certains d’entre eux se montre particulièrement bon, accordant un peu de vie à des visages presque totalement dénués d’expression, à regret. Les interactions sont assez modulables, le jeu laissant le loisir d’être tout autant sympathique que relativement désagréable. Elles offrent également une poignée de choix qui, sans présenter de dilemmes moraux colossaux, débouchent à des dénouements bien distincts. Mais enfin, si l’on trouve tout de même assez de plaisir à dérouler la petite palette de problématiques narrées, force est de constater qu’elles pâtissent d’un rythme indolent et d’une saveur parfois trop stérile. Aussi la conclusion de notre expérience se devine bien trop tôt dans l’aventure qui profite tout de même d’une durée de vie correcte d’environ sept heures.