Pour son western bourru, WolfEye adopte l’approche d’un twin-stick shooter très classique armé d’une visée à 360°. L’action s’illustre dans un style cel-shading inspiré des BDs françaises à l’ancienne. Et si les animations manquent de justesse, côté gunfights, les sensations de shoot sont en revanche assez plaisantes. Scélérats, sorcières, monstruosités belliqueuses : dans Weird West, toutes sortes d’adversaires aux aptitudes diverses pourront goûter au plomb de vos armes à feu ou à la lame de votre machette, certes moins confortable à l’emploi. Les dangers s’approchent par la discrétion ou la frontalité. Trois niveaux de difficulté sont proposés. Et le terrain se soumet à vos actions : vous pouvez tirer sur une bouteille de verre en plein vol, accrocher une corde au rebord d’une fenêtre pour infiltrer un bâtiment, ou faire exploser une lampe à huile pour enflammer ses environs. Le jeu nous sert un terrain intelligent pour des ennemis qui peuvent, en revanche, manquer de jugeote : à plusieurs reprises, certains se jettent dans les flammes que nous avons engendrées ; d’autres adoptent simplement des comportements pas toujours crédibles.
Le jeu dédie une grande part de son expérience au loot. Chaque bâtiment est pénétrable ; certains peuvent manquer de personnalité, mais ils regorgent toujours de denrées appréciables, entre vivres, babioles, argent et pansements. Les dépouilles d’ennemis robustes renferment peut-être quelques armes précieuses, idéales pour remplacer vos fusils de base dont la cadence de tir s’avère très paresseuse. Plusieurs quartiers vous serviront de base pour revendre vos trouvailles, vous refaire un arsenal complet ou encore acheter un coffre à la banque. En revanche, pour ce qui est de votre protection en termes d’équipement, il faudra pour l’heure vous contenter d’un simple gilet. Pour soigner vos plaies, cuisiner une poignée de mets sera une alternative appréciable aux bandages. Si la récolte d’objets est un plaisir à tout instant, la personnalisation de votre personnage se montre également intéressante. Les fétiches de Nemp, des griffes pétrifiées de créatures mortes, peuvent être utilisés pour acquérir de nouvelles compétences de classe et d’armes. Et les cartes d’or trouvées çà et là vous débloquent de nouveaux talents. Précisons quand même que pour l’heure, l’exploitation de nouvelles facultés est restée assez limitée lors des premières heures de jeu.
UN WESTERN PRENANT
Notre périple westernien débute aux côtés de Jane, une ancienne chasseuse de primes à la retraite. Cette redoutable as de la gâchette va devoir reprendre du service suite à la découverte macabre du cadavre de son fils sur le bas de sa porte. L’acte barbare a été perpétré par les Stillwaters, un groupe de mercenaires qui, dans le même temps, a enlevé son époux. Aidée de la shérif locale, notre protagoniste s’élance alors à la recherche de son bien-aimé dans une quête passionnante teintée de vengeance.
La narration, impeccable dans son habilité à nous engager, se ficèle au fil d’un voyage ouvert ; Sur la map, nos itinéraires choisis se parsèment de découvertes exaltantes, de nouveaux sanctuaires et d’embuscades risquées. Par pur hasard, nous avons notamment croisé le chemin d’une sorcière aux intentions nébuleuses ; elle nous a confié une boîte, que nous nous garderons d’ouvrir avant un nouveau signe de sa part. Une autre fois encore, nous avons fait la rencontre de vagabonds du désert désireux de nous vendre quelques élixirs puissants. Le périple est en tout point plutôt passionnant, enrichi de ses dialogues crus et crédibles. La voix graveleuse d’un narrateur accompagne chaque nouvelle étape, de quoi parfaire l’ambiance western qui jouit déjà d’une ambiance sonore impeccable.
DES CHOIX À FAIRE
Parmi nos rencontres, certaines se porteront volontaires pour rejoindre notre épopée. Vous pouvez parler aux membres de votre groupe, gérer leur inventaire ou les renvoyer. Leur mort est irréversible, mais l’Ouest regorge de toute façon de nouvelles recrues potentielles. Il se peut néanmoins que l’on vous rappelle plus tard le décès brutal de l’un de vos coéquipiers. Ainsi chacun de vos actes a un impact durable sur le monde hostile de Weird West. Un lieu peut être laissé à l’abandon lorsque sa population est décimée si vous n’y intervenez pas, et vous en serez notifié. Aussi dérober l’argenterie de pauvres villageois ou les libérer d’une cellule miteuse influence votre réputation. Dans ce dernier cas de figure, les survivants que vous avez épaulés vous feront parfois parvenir plus tard leurs remerciements et quelques nouvelles sur leur vie. En ce sens, l’univers du jeu, qui évolue par ailleurs selon un cycle jour/nuit, profite d’une authenticité très appréciable.
Dans sa quête, Jane mène des interrogatoires, s’infiltre dans des banques moisies et lance l’assaut dans des mines infestées de viles créatures. Et puisque cette aventure est la votre, elle se façonne selon vos choix : Briserez-vous les doigts de cette saleté de Stillwater pour le faire parler ? Arracherez-vous des mains d’innocents fermiers leur titre de propriété pour atteindre votre but ? A chaque fin de chapitre, vous aurez le plaisir de découvrir un récapitulatif de vos choix moraux, actes manqués et exploits. Le monde de Weird West restera ensuite dans l’état où vous le laissez une fois un nouveau protagoniste en marche.