Difficile aujourd’hui de tirer son épingle du jeu dans le créneau assez saturé du jeu de survie. Si les approches du genre sont multiples, Cryofall a choisi de piocher un petit peu partout pour creuser son trou dans le milieu, après une longue période d’early access finalement terminée par la sortie définitive du jeu sur Steam il y a quelques semaines.
PVE OU PVP ?
En premier lieu, il convient de préciser la philosophie de Cryofall. Il ne s’agit pas d’un jeu solo et, s’il emprunte beaucoup d’éléments à un certain Don’t Starve, il a également pioché du côté de chez Rust, entre autres pour le côté multijoueur. Vous aurez donc la possibilité de choisir votre serveur avant de faire vos premiers pas en jeu, et tout dépendra alors de ce que vous attendez d’un titre de ce type. Sachez que les serveurs autorisant le joueur contre joueur corsent nettement l’expérience puisque la communauté est dans l’agression permanente. Les joueurs vous attaquent à vue en groupe, détruisent votre base et pillent vos plantations, et ne vous laisseront finalement que peu de répit, essentiellement si vous souhaitez faire vos premiers pas en jeu en solitaire. Cependant, des serveurs PvE, interdisant donc toute agression entre joueurs, sont également proposés, et au final s’avèrent plus peuplés que les serveurs PvP et offrent une progression nettement plus paisible.
UNE PROGRESSION GUIDÉE ET BIEN PENSÉE
Une fois la sélection du serveur effectuée tout comme la personnalisation de votre personnage, vous débarquez, comme le veut la coutume, juste avec quelques vêtements sur le dos et devez commencer à récolter des matériaux rudimentaires pour confectionner votre première hache, torche ou pioche. Cependant, rapidement, vous comprendrez qu’à l’inverse des nombreux jeux de survie du marché, Cryofall a choisi de vous prendre par la main afin que vous ne soyez pas trop perdu à votre arrivée dans ce monde SF particulièrement hostile. Effectivement, le jeu adopte un système de quêtes qui sont en réalité un tuto très long, qui vous demandent de confectionner peu à peu des outils et bâtiments de plus en plus performants. À chaque fois que vous parvenez à remplir un objectif, vous pouvez accepter une récompense en points d’apprentissage, points qui pourront être répartis dans différents arbres technologiques qui eux-mêmes permettront d’optimiser votre survie. Ainsi d’une base rudimentaire vous passerez, à force de récolte et d’exploration, à un véritable fort embarquant avec lui électricité, établi d’armes, fourneaux, cuisine et plus encore. Sur ce point, Cryofall s’avère particulièrement complet et cette progression guidée permet sans peine aux novices du genre d’éviter de se perdre dans les mécaniques du jeu de survie, qui elles sont assez classiques.
Le titre invite en permanence le joueur à partir en exploration, avec ce que cela comprend de risques et de nécessité de construire des sacs de couchage pour toujours avoir un point de réapparition à proximité en cas de mort. La mort, puisque nous en parlons, n’est pas forcément aussi punitive que chez la concurrence. Comprenez là que si vous serez affligés d’un malus de 10 minutes entamant grandement vos compétences et performances, vous conserverez cependant tout votre équipement. Pas d’allers-retours incessants, donc, pour récupérer votre précieux butin, mais ce n’est pas pour autant que vous n’aurez pas à faire quelques kilomètres entre votre base et votre lieu de récolte, puisque certaines ressources ne peuvent être trouvées que dans des biomes spécifiques. Mais avant de vous aventurer dans les profondeurs du jeu, il faudra bien entendu vous équiper d’une manière décente et là encore, Cryofall s’avère très complet. Armures, armes à feu, drones, décoctions de plantes pour du soin, médicaments pour soigner les afflictions… le jeu vous permet de parer à toute éventualité pour naviguer sans crainte ou presque dans cet univers peuplé de créatures plus ou moins hostiles, allant du simple poulet au scorpion radioactif. Cependant, les combats, nombreux, ne sont pas toujours très précis et manquent clairement de sensations. Les hitbox semblent parfois aléatoires, rendant les affrontements, notamment au CàC assez confus. Notez par ailleurs qu’esthétiquement, Cryofall ne s’en sort pas toujours bien, et manque cruellement d’identité visuelle. Cela lui interdit parfois de laisser au joueur le plaisir de s’immerger dans l’atmosphère du titre, faute à une direction artistique trop passe-partout. La gestion de l’inventaire est quant à elle assez laborieuse, essentiellement lorsque de trop nombreuses recettes se cumulent, recettes qui ne sont pas réparties dans des sous-catégories.
UN FORMAT TOUT MULTI QUI DESSERT LE JEU
En résumé, les mécaniques de survie de Cryofall sont assez riches, et s’intègrent très bien au propos SF / Post-apo du jeu même si elles n’inventent finalement pas grand-chose. En revanche, quelques partis pris fonctionnent un peu moins bien. C’est sans doute dans l’exploitation du multijoueur, et par extension du “tout en ligne” que Cryofall pèche un peu. En premier lieu, sachez qu’au fil du temps, votre base se dégradera progressivement si vous ne vous connectez pas régulièrement au jeu. Cela permet tout simplement de libérer de l’espace sur les serveurs, puisque pour bâtir votre fief, vous devrez revendiquer un territoire, interdisant à tout autre joueur de s’établir dans la zone revendiquée par vos soins. Si la raison est tout à fait recevable lorsque l’on souhaite retenir les joueurs et leur donner l’envie de peupler les serveurs en s’y connectant régulièrement, le end game et les biomes à explorer ne sont pas assez nombreux pour donner l’envie de jouer sur le très long terme. Il y a bien quelques événements mondiaux qui permettent de coopérer pour terrasser des créatures plus puissantes et donc obtenir des ressources précieuses, mais une fois arrivé au bout de l’arbre technologique, il n’est pas certain que les joueurs solitaires y trouvent leur compte, pas plus que les groupes, qui reste d’ailleurs la meilleure manière de jouer au jeu pour progresser plus efficacement. En somme, Cryofall connaît son secteur et lui fait plutôt bien honneur, même si malheureusement, les ténors du genre, Don’t Starve en tête, lui feront immanquablement de l’ombre.