Riot semble ne pas vouloir cesser d’étendre son univers. Pour les 10 ans de League of Legends, le studio californien avait annoncé des jeux en pagaille. Depuis, nous avons eu droit à Wildrift, Legends of Runeterra, Valorant et à d’ambitieux projets cross-media comme la série Arcane. Mais avec Ruined King : A League of Legends Story, l’univers du moba le plus populaire de la décennie se montre sous un jour totalement inédit. Loin des expériences compétitives, Ruined King s’apparente à un RPG au tour par tour plutôt classique. Qu’en est-il vraiment ?
Ruined King est une des premières productions Riot Forge à voir le jour. Ce label d’édition fait appel à des studios externes à ceux de Riot pour adapter leurs franchises dans d’autres styles de jeu. Dans le cas présent c’est Airship Syndicate, le studio derrière Battle Chasers : Nightwar et Darksiders Genesis, qui est aux commandes. Ce dernier a utilisé le savoir-faire et les outils développés pour concevoir ces deux titres afin de donner vie au monde de Runeterra et plus précisément à la ville portuaire de Bilgewater. Rappelons que c’est Joe Madureira qui est aux commandes du studio. Ce dernier a longuement travaillé en tant que dessinateur dans l’industrie du Comic américain et ce travail transpire dans tous les projets sur lesquels il intervient. Si techniquement Ruined King n’est pas un foudre de guerre, on ne peut nier qu’il est franchement agréable à regarder. Oui, les textures et les modèles mériteraient d’être plus détaillés, mais la direction artistique très réussie lie l’ensemble pour un rendu particulièrement plaisant. Si l’aspect anguleux et marqué de cette DA ne plaira pas à tout le monde, il faut admettre qu’elle sied franchement bien à Bilgewater et aux champions qui prennent part à l’aventure. Découvrir le monde de League of Legends sous un nouvel angle est très plaisant, d’autant que Ruined King n’est pas avare en jolis panoramas. On regrettera simplement un effet de flou global qui ternit l’ensemble, mais qui n’empêche cependant pas d’apprécier le travail visuel qui a été effectué.
UNE VILLE PORTUAIRE REVISITÉE
Mais Ruined King, c’est avant tout une occasion pour LoL de voir son univers s’étendre et se préciser. Plusieurs champions populaires interviennent dans un scénario où les routes se croisent et où les enjeux se resserrent autour d’une Brume noire emportant tout sur son passage. Yasuo, Ahri, Miss Fortune, Braum, Illaoi et Pyke font donc équipe pour trouver la source de ce mal et l’endiguer. Si ce scénario réserve son lot de surprises, il permet surtout d’en apprendre plus sur le passé des personnages. Les personnages de Sarah Fortune et Ahri gagnent en profondeur, notamment grâce à des backstories dramatiques aux thématiques intéressantes. Et si le tout est bien rythmé et se laisse suivre, on regrettera peut-être des dialogues qui manquent un peu de subtilité. Les différents champions se lient d’amitié en un rien de temps tandis que certains dialogues semblent vouloir intégrer coute que coute le lore du jeu d’origine. Toujours est-il que les fans de la première heure pourront apprécier une plongée immersive dans un monde qu’ils ne peuvent généralement qu’effleurer à travers les textes descriptifs des champions. C’est d’autant plus plaisant que dans Ruined King, ces joueurs pourront retrouver les mêmes comédiens de doublage que dans la version française de League of Legends.
UNE FORMULE QUI A FAIT SES PREUVES
Sous sa couche de LoL, Ruine King cache le squelette de Battle Chasers : Nightwar. En effet, il reprend les mécaniques principales du précédent jeu du studio et assure par la même occasion une expérience de jeu solide. Concrètement, le joueur se déplace dans un monde en vue isométrique, discute avec des PNJ, accepte des quêtes, récupère des objets et prend part à des combats au tour par tour. Avec son équipe de trois membres, le joueur peut sélectionner différentes capacités offensives ou défensives appliquant différents effets. Étourdissement, poison, coups critiques… Du très classique pour qui a déjà joué à un RPG au tour par tour. Toutefois, Ruined King repose sur un système de Voie qui offre d’importants choix tactiques. Ce système permet d’avancer ou de retarder son tour pour contrecarrer la stratégie adverse. Chaque attaque ou sortilège peut être lancé plus rapidement dans une version plus faible ou plus tardivement dans une version plus puissante. Le joueur a constamment accès au déroulé des tours en bas de l’écran. Il peut donc prendre de vitesse les ennemis et adapter sa stratégie en continu. Il est par exemple possible d’utiliser un sort de protection plus faible pour le lancer avant l’attaque de l’ennemi et ainsi s’en protéger. Au contraire, le retarder laisse notre héros vulnérable, mais permet de se protéger plus efficacement du prochain coup. De plus, de nombreux modificateurs de combats s’intègrent au système. Des vagues de soin, de dégâts, de bouclier ou de buffs en tous genres se déclenchent à intervalle régulier. Seulement, pour en profiter ou les éviter, il faut avancer ou retarder son tour en conséquence. Une très bonne idée.
Bref, si ce système existait déjà dans une certaine mesure dans Battle Chasers, il est ici plus clair et plus complet. Si l’on ajoute à cela de nombreuses synergies et combos, on obtient un système de combat classique, mais solide qui offre des choix tactiques intéressants. Il est plaisant d’optimiser ses dégâts avec Yasuo, de faire pleuvoir les balles avec Miss Fortune ou de parfaitement adapter sa défense avec Braum. On recommandera peut-être le mode Vétéran aux habitués du genre, qui oblige les joueurs à tirer pleinement parti du système de tours. Ils devront aussi intelligemment composer leur équipe parmi les champions jouables. Pour optimiser cette composition, ils pourront choisir l’équipement de leur choix et améliorer leurs compétences. En passant des niveaux, les héros gagnent en puissance, apprennent de nouvelles techniques, mais peuvent également attribuer des points pour orienter leur style de combat. Rien n’est définitif et il est donc possible de s’adapter à chaque combat. Voulez-vous favoriser les coups critiques ? Rendre un sort plus lent, mais en améliorer l’efficacité ? Lui faire générer du survoltage (une ressource utilisable comme du mana ou par certaines capacités) ? Les Runes quant à elles, permettent d’améliorer directement les statistiques de nos héros ou leur offrir des bonus en combat. Braum, le tank par excellence, pourra par exemple choisir entre améliorer ses résistances ou commencer chaque combat avec un bouclier. Ruined King offre donc un degré très satisfaisant de customisation compte tenu de la durée et de la densité de l’aventure. Comptez une petite vingtaine d’heures pour voir le bout du scénario en ligne droite.
Enfin nous terminerons sur l’ergonomie. Parfaitement praticable à la manette, Ruined King souffre toutefois de quelques petits bugs sur PC. La réattribution des touches pose problème à l’heure du test, ce qui rend les déplacements au clavier impossibles. Il est possible de se rendre où on le désire d’un clic droit et interagir avec l’environnement du gauche. Cependant, ce clic gauche ne déplace pas notre héros jusqu’ à la zone voulue, il faut donc se déplacer avec le droit avant d’interagir avec le gauche. Ces deux griefs prouvent que le titre a avant tout été pensé pour être joué à la manette. Espérons qu’une mise à jour règlera rapidement ces deux défauts.