Après avoir entraperçu son potentiel dans le cadre de son accès anticipé l’an passé, nous nous sommes laissés la chance de revenir sur Endzone – A World Apart, fraîchement sorti en version finale il y a une poignée de jours afin de savoir si la roadmap complète fixée par les développeurs a conduit le jeu à l’expérience de gestion pointue qu’il promettait d’être.
Pour rappel, Endzone – A World Apart vous place dans un futur pas très reluisant, ou les rares survivants d’une apocalypse nucléaire sortent de leur abri souterrain dans le but de reconstruire un havre de paix et de tenter de prospérer en dépit d’un environnement particulièrement hostile. Bâtir une société stable et saine dans un univers déréglé par une radioactivité omniprésente et un climat totalement déréglé n’a pas vocation à être chose aisée et Endzone se positionne sur un volet gestion plutôt pointu, qui place d’ailleurs la micro gestion au cœur de son expérience. Notez en revanche que, si le jeu propose une poignée de scénarios pas forcément passionnants en ce qu’ils ne fixent que des objectifs à contraintes pour éprouver votre connaissance des mécaniques, il opte avant tout pour une philosophie bac à sable avec des parties aux configurations paramétrables à l’envi.
UN VRAI COCKTAIL D’INFLUENCES
Si l’on pouvait résumer d’une manière simple le titre de Gentlymad Studio, nous pourrions dire sans hésiter qu’il est un croisement entre Frostpunk et Banished. Sur bien des points, Endzone emprunte à ses confrères beaucoup de leurs excellentes idées, tout en conservant ce qui fait le charme de n’importe quel jeu du genre, à savoir la mise en place d’une chaîne de production autonome. Comme c’est de coutume dans le genre, vous ne commencerez qu’avec une poignée de colons et seulement quelques bâtiments de première nécessité accessibles. Il faudra donc commencer par approvisionner votre campement de fortune en eau, en bois et en nourriture, par l’intermédiaire de pêche et de culture terrestre, afin de subvenir aux besoins de vos citoyens, qui devront en outre avoir un toit à eux au-dessus de la tête afin qu’ils puissent avoir suffisamment d’intimité pour procréer. Car effectivement, nous évoquions Banished pour l’une de ces raisons : la population du jeu naît, grandit, vit et meurt et leur cycle de vie a un impact direct sur la main-d’oeuvre disponible.
Effectivement, dans Endzone, vous aurez en permanence l’obligation de garder un œil sur l’embauche de vos infrastructures. Certains bâtiments requièrent une main-d’œuvre minimale pour fonctionner, et vous pourrez l’augmenter dans une certaine limite afin d’accroître la productivité du bâtiment en question. Si vous manquez de main-d’oeuvre pour récolter des débris afin de les convertir en métal, peut-être sera-t-il nécessaire de dépouiller les bûcherons de quelques bras pour aller prêter main-forte au bâtiment produisant la ressource la plus essentielle à un instant T. C’est donc là que résidera le fil rouge de Endzone, qui cependant, ne se contente pas d’être un jeu de ressources humaines pures, car ces colons, il faudra les contenter, les soigner et leur donner quelques menus divertissement afin de les contenter suffisamment pour qu’ils soient en bonne santé et aient le désir de procréer dans votre colonie, faute de quoi vous vous retrouverez rapidement avec trop d’anciens aux portes de la mort et sans enfants pour prendre la relève. Cela impliquera naturellement une gestion pointue de vos ressources, car si des gens heureux sont plus enclins à enfanter et que chaque naissance est un ouvrier supplémentaire en devenir, il est aussi une bouche supplémentaire à nourrir et à hydrater, ce qui peut s’avérer complexe dans Endzone. Le titre est donc assez bien pensé, pas forcément évident, mais les amateurs de micro gestion verront déjà là de nombreuses options pour affiner l’établissement et l’économie de leur colonie.
CONSIDÉRATIONS CLIMATIQUES
Le climat joue ici un rôle très important. Une frise météorologique vous avertit des bienfaits ou des catastrophes à venir. Une période de pluie non contaminée irriguera vos sols et sera une source d’eau potable pour peu que vous ayez construit un récupérateur d’eau de pluie, mais des averses radioactives contamineront vos terres qu’il faudra alors désinfecter en construisant le bâtiment approprié. Par ailleurs, les régulières périodes de sécheresse meurtriront vos sols, assècheront les sources d’eau potable, aussi sera-t-il toujours prudent de bien planifier vos réserves de ressources pour ne pas vous trouver au dépourvu au plus fort de la canicule. Endzone est un jeu qui a pensé à tout ou presque et qui vous donne de nombreuses marges de manœuvre pour toujours mieux adapter vos constructions et ressource pour répondre aux rigueurs de votre époque.
En outre, le jeu ne s’arrête pas là et vous propose également une multitude de choses différentes à faire pour toujours rester occupé, ce qui n’est pas une mauvaise chose puisque le rythme du jeu est particulièrement lent, même lorsque vous accélérez le passage du temps au maximum. Pour vous donner une idée, la construction d’un bâtiment requiert d’abord que vos ouvriers décontaminent le sol, puis, qu’ils aillent récupérer les ressources nécessaires à l’érection de l’édifice, si tant est qu’elles soient disponibles, pour enfin mettre l’industrie en route. En fonction d’un mauvais placement de vos espaces de stockage et quand bien même vous auriez tracé des routes pour accélérer le transit des matériaux, l’ensemble peut être particulièrement long et les joueurs les moins patients pourront se heurter au rythme global du jeu. Mais comme nous vous le disions, vous resterez toujours engagés dans la partie passé les premières saisons, et pourrez veiller au bonheur de vos citoyens, et également tenter de répondre à leurs doléances si vous avez construit un forum. Ces doléances sont tout simplement des objectifs à court terme, qui baisseront le moral général de la colonie en cas d’échec et vous procureront des bienfaits en cas de succès. Cependant, nous avons régulièrement pu constater que les délais fixés pour répondre à certaines demandes sont très tendues si vous n’aviez pas prévu les choses en amont, et cela peut s’avérer assez frustrant, à plus forte raison que le jeu ne pardonne rien ou presque.
EN FAIT-ON VITE LE TOUR ?
Vous pourrez promulguer des lois, contrôlant les naissances, par exemple, lancer des expéditions qu’il faudra paramétrer afin de récolter, par exemple, de nouvelles graines pour vos plantations, ou encore rechercher de nouvelles technologies pour accroître vos défenses pour résister aux assauts de certains gangs environnants. Ce point n’est cependant pas bien équilibré et assez confus, et s’avère finalement plus une source d’ennui que d’excitation à l’idée de repousser une quelconque invasion, sur laquelle il ne sera de toute façon jamais possible de lancer une riposte. En somme, ce n’est pas le contenu qui manque et Endzone est particulièrement complet. Cependant, le principal écueil du jeu, très agréable et assez immersif, il faut bien le reconnaître, réside justement dans son approche bac à sable. S’il existe de nombreuses manières de rendre vos parties plus ou moins faciles et que les bâtiments sont nombreux, une fois que vous aurez passé une bonne vingtaine d’heures de jeu et que vous en maîtriserez les rouages, vous n’aurez pas spécialement d’intérêt à relancer une partie. Endzone, par son principe, n’offre pas vraiment ce sentiment de grande progression que l’on peut rechercher dans un jeu de gestion et n’est pas aidé en cela par une trop grande harmonie dans les bâtiments, qui peinent à se distinguer entre eux. Il est d’ailleurs souvent obligatoire de passer par le menu construction pour choisir un type de bâtiment uniquement pour mettre en surbrillance ceux du même type déjà construit, ce qui sera nécessaire compte tenu du fait que presque tous les édifices disposent d’options propres, comme les forestiers par exemple, auxquels vous pouvez demander de couper des arbres ou plutôt de faire de la reforestation.
C’est assez regrettable, car Endzone ressemble trop à une course perpétuelle à la récolte de ressources. Le jeu semble systématiquement chercher à vous mettre dans des positions de carence, ce qui est tout à fait raccord avec son thème, mais il ne parvient pas suffisamment à diversifier son propos pour que le joueur ne se lasse pas de gérer ce qui finit par devenir un « simple » jeu de farming de ressources un peu plus énervé que la moyenne. L’arbre de recherche donne bien un peu de sentiment de progression et vous facilite un peu la vie, mais même les ressources de bases peinent parfois à avoir leur propre autonomie et vous serez trop souvent contraints de vous atteler à des tâches insignifiantes alors que préoccupations de plus grande envergure devraient vous préoccuper. C’est une philosophie qui se tient, qui ne rend pas le jeu désagréable, mais qui ne le rend pas pour autant aussi satisfaisant qu’on l’aurait aimé.