Développé par Playmestudio et édité par RawFury, The Signifier est un jeu d’enquête mêlant courts puzzles et narration forte, dans un thriller futuriste et noir, qui déploie des trésors de bonnes idées, mais qui ne parvient pas toujours à honorer ses promesses dans son exécution.
Dans un futur proche où la technologie et l’intelligence artificielle occupent une place prépondérante dans la vie des citoyens, ce qui a demandé des législations pour réguler son impact, vous incarnez Frederick Russel, chercheur émérite dans le domaine de l’IA et de la psychologie, qui a mis au point une technologie permettant d’explorer les souvenirs des gens, que ce soit grâce à la mémoire qu’ils emportent d’un son, d’une odeur, mais également ce que leur subconscient percevait d’une scène passée. En dépit de la controverse suscitée par l’existence d’une telle technologie, Russel est contacté dans le but de mener l’enquête sur la mort de Johanna Kast, vice-présidente d’une puissante corporation baptisée GO-AT. Si les premières conclusions laissent entendre que la défunte a mis fin à ces jours, certaines circonstances sont suffisamment suspectes pour qu’il soit intéressant de se plonger dans les souvenirs de cette femme afin de tirer les circonstances de sa mort au clair.
Le titre se déroule sur trois différents « plans » d’enquête. Vous pourrez explorer le monde réel, dans lequel vous serez amenés à visiter une poignée de lieux que vos investigations mettront en lumière, mais également le monde des souvenirs, divisé en deux strates : le monde objectif et le monde subjectif. Le premier offre une reconstitution la plupart du temps assez concrète des souvenirs tandis que le subconscient est, de son côté, nettement plus abstrait dans ce qu’il dévoile. Pour chaque « monde », vous aurez la plupart du temps 4 indices à récolter. Cette récolte s’effectue d’une manière assez simple puisque, monde immatériel oblige, il suffit simplement d’observer certains points d’intérêt pour que lesdits indices soient mémorisés. Il existe une exception, qui sont les données brutes, comprenez des formes abstraites qui ne sont pas à leur place et qu’il s’agira de replacer dans le bon contexte, que ce soit dans le monde objectif ou subjectif.
DE BONNES IDÉES PAS ASSEZ EXPLOITÉES
Chacune de vos interactions sera la plupart du temps commentée par votre enquêteur qui se verra répondre par l’intelligence artificielle de sa machine à explorer les rêves, Evee. Une fois suffisamment d’indices récoltés, le jeu vous fera passer au chapitre suivant, et vous permettra de poursuivre d’autres souvenirs, sur la ligne de vie de la défunte sur laquelle vous enquêtez. De ses souvenirs d’enfance à celui d’un club SM pour le moins glauque, The Signifier cherche un maximum à varier les situations pendant les 5 grosses heures qu’il demande pour être bouclé, en fonction de votre propension à embrasser la gymnastique un peu particulière du jeu. Il faudra effectivement parvenir à bien comprendre la mécanique vous permettant de passer d’un univers à l’autre. En effet, par exemple, si des entités vous bloquent l’accès à une pièce dans le monde objectif alors qu’un indice important s’y trouve, il faudra passer dans le monde subjectif afin de franchir l’obstacle, d’accéder à la pièce que vous convoitez puis rebasculer dans les souvenirs objectifs afin de vous faire réapparaître à l’endroit auquel vous venez d’accéder. C’est sur cette base que la plupart des puzzles seront construits, même si d’autres, plus ponctuels, vous demanderont de jouer avec le temps et les perspectives pour progresser dans votre enquête. Il est d’ailleurs regrettable que The Signifier ne propose pas un peu plus de variété dans ses énigmes, le peu de diversité que nous avons pu entrevoir au cours du jeu étant suffisamment attractif et intéressant pour être creusé davantage, mais malheureusement, le gros du travail sera basé sur l’observation des lieux et la consultation de points d’intérêts.
Si l’idée est plutôt séduisante et que la mise en scène fait preuve d’une certaine imagination et montre une direction artistique parfois inspirée, dans l’exécution, les choses sont un peu différentes. Le titre vous demandant simplement de récolter des indices visuels et, ces derniers étant peu apparents tout en étant répartis sur plus strates de souvenirs, la récolte est souvent laborieuse et se résume parfois à cliquer un peu partout, à multiplier les allers-retours pénibles dans l’espoir de voir quelque chose que nous aurions raté lors d’un premier passage. La chose ne serait pas forcément un grand drame si les déplacements du personnage n’avaient une inertie un rien gênant, voire sur la durée inconfortable, même s’il ne se déplace qu’assez lentement.
En outre, tout ne semble pas toujours particulièrement bien cohérent ou parfaitement expliqué, laissant toujours planer une part de mystère sur les événements du jeu, qui prennent d’ailleurs un tour assez inattendu en fin de parcours, fin qui nous aura rendus plutôt perplexes. Si vous ne serez pas forcément longuement bloqué dans le jeu, vous ne comprendrez pas nécessairement tous les ressorts de l’histoire qui elle, dans son ensemble reste en revanche suffisamment bien écrite pour être captivante et pertinente dans les questions qu’elle pose aussi bien sur la technologie que la vie privée des personnes.