Aussi rares qu’uniques, les “cinematic platformer” sont des titres qui se dégustent avec parcimonie. À l’image de Limbo ou Inside, Stela est un titre accordant une grande importance au côté cinématographique du jeu vidéo. C’est sous le label IDXbox que le studio SkyBox Labs a décidé de se lancer dans le genre.
L’histoire de Stela narre les aventures d’une jeune femme se retrouvant témoin de la fin d’un monde peuplé d’effrayantes créatures. Ici, pas de parole parasite ou de texte explicatif : seule l’interprétation personnelle du joueur compte. Et c’est ici un point fort du titre : Stela repose sur une atmosphère pesante, mais si légère en informations qu’il est possible de vivre cette expérience à la manière d’un tableau interactif. Néanmoins, certains joueurs ne souhaiteront pas forcément réaliser cet effort d’interprétation et passeront ainsi complètement à côté de l’intérêt du titre. Voilà qui est dit.
UNE AVENTURE AGRÉABLE À MENER
Du réveil de l’héroïne au générique, aucun ATH n’apparaît. De même qu’aucune indication ne daignera guider le joueur. Instinctivement, ce dernier se dirigera vers la droite : et c’est ce chemin linéaire qu’il faudra suivre durant toute l’aventure. Les seules armes pour arriver au bout des niveaux seront les touches pour sauter, interagir et se diriger vers la gauche ou la droite. Notons que les contrôles manette répondent parfaitement bien. Les quelques énigmes présentes sont extrêmement simples et leur simple intérêt provient plus de leurs beaux panoramas devant être interprétés et permettant d’étoffer le background scénaristique. Le level design est lui aussi relativement simple, n’offrant que peu de liberté et de réflexion au joueur quant à ce qu’il doit faire pour progresser.
MALGRÉ DES SOUCIS QUI ENTACHENT L’EXPÉRIENCE
Quelques approximations de profondeur de décors peuvent être gênantes. En effet, contrairement à Limbo, Stela n’utilise pas de flou d’arrière plan pour mettre en avant le premier plan, ce qui fait que certains éléments paraissant utilisables ne peuvent l’être, ceci pouvant causer la mort de l’héroïne lors de séquences de fuites. Ces passages, que l’on peut considérer comme particulièrement épiques, sont d’ailleurs très réussis tant la tension est présente. En effet, le titre s’accompagne de mystérieuses créatures pourchassant la protagoniste. Certaines sont des silhouettes à forme humaine guettant l’héroïne qui devra les éviter en se tapissant dans l’ombre afin de fuir leurs regards. D’autres sont des quadripèdes chassant sous la neige. Ces créatures ont des mouvements très scriptés, nécessaires à une mise en scène maîtrisée mais elles auraient mérité d’avoir un comportement plus inattendu, plus surprenant. Il est également regrettable que certaines morts soient inévitables pour comprendre l’action à effectuer afin de s’en sortir vivant. Cependant, les checkpoints sont nombreux afin de minimiser l’effet de frustration.
UNE ATMOSPHÈRE PESANTE POUR UN UNIVERS PRENANT
Stela est beau, et sait en profiter. D’une forêt en feu aux bois fendus par les halos de lumière, d’une grange insalubre à une caverne antique, les environnements sont nombreux et savent apporter une plus-value visuelle au titre. Les textures ne sont pas des plus détaillées mais toutes se marient bien entre elles, en grande partie grâce au brouillard constant harmonisant le décor. La direction artistique est maîtrisée et chaque niveau a son identité propre, notamment ceux en contre-jours rappelant les ombres chinoises et leurs effets poignants.
Dans ces décors figés par le temps, il aurait été judicieux d’user à bon escient du silence. Cependant, rares sont ces moments tant la bande originale occupe une place conséquente. Aussi belle soit-elle, elle aurait gagné à être plus discrète. Néanmoins, cette dernière souligne magistralement la densité dramatique de plusieurs séquences qu’elle accompagne, notamment celles de fuites. Enfin, précisons que Stela est une expérience très courte. 1h45 vous sera en effet nécessaire pour terminer l’aventure une première fois, morts comprises.