Il faut bien reconnaître que le jeu de gestion a repris pas mal de vigueur ces dernières années, après un passage à vide assez peu favorable aux administrateurs en herbe. Cependant, des titres comme Cities Skylines ou, plus récemment, Planet Coaster ont remis le pied à l’étrier à ce genre si particulier. Fraîchement débarqué sur PS5, Xbox Series, PS4 et Xbox One, le titre de Frontier passe-t-il l’épreuve du pad ?
Planet Coaster est incontestablement le digne héritier des premiers RollerCoaster Tycoon. Doté d’une grande profondeur lorsqu’il s’agit de créer les parcs les plus détaillés, le titre de Frontier s’en sortait également plutôt bien sur son volet gestion, avec notamment une simulation de la foule très pertinente, en dépit d’un manque global de challenge. Cependant, s’il est bien une question importante dans ce jeu qui demande parfois une grand précision dans le maniement des éléments personnalisables, c’est celle de savoir si le pad est bien adapté à ce type de jeu.
Bien évidemment, il va de soit que jamais un Tycoon de ce type ne sera plus performant au pad qu’au clavier / souris. Déjà assez rompu à l’exercice du portage à la manette de jeu de gestion, Frontier Development s’en sort à nouveau plutôt bien. La répartition des touches dédiées à la navigation ainsi que les combinaisons de boutons pour accéder à tel ou tel élément fonctionne assez bien, même s’il faut reconnaître que, compte tenu du grand nombre de menus, il sera nécessaire d’insister un peu et de se faire violence pour que les manipulations deviennent totalement intuitives. Il n’en est pas tout à fait de même pour la construction de Coaster, ou encore pour la création de décors personnalisés, qui demandera sans doute beaucoup de patience aux joueurs créatifs pour vraiment maîtriser l’outil. Sachez en revanche que, si vous êtes munis d’un clavier et d’une souris, le jeu prend en charge son support, même si cela pourrait vite s’avérer inconfortable dans une configuration de jeu en mode canapé.
Notez d’ailleurs que vous retrouverez tous les points forts et les points faibles sur consoles que l’on trouvait dans la version PC. Ainsi, quelle que soit la plate-forme, des ralentissements assez nets sont à prévoir lorsque votre parc sera très chargé et qu’il affichera un nombre souvent astronomique d’éléments à calculer individuellement. Du côté des excellentes nouvelles, sachez que les versions consoles ne sont pas amputées d’une des forces du jeu de base, à savoir l’accès au workshop. Très facilement accessible, vous pourrez accéder gratuitement au contenu de la communauté comme partager vos créations au plus grand nombre.
LE TEST COMPLET (PC) DE PLANET COASTER
Que dire de Planet Coaster pour qui l’engouement du public initié à l’art des tycoon n’a jamais failli ? Héritier de la saga Rollercoaster Tycoon, le titre de Frontier Software a été développé avec et pour ses fans. Sa copie a toujours été, depuis son annonce en janvier 2015, aussi transparente qu’envoutant, et les raisons de cet entrain pré-sortie furent simples à comprendre. Utilisant le moteur Cobra, Planet Coaster est capable d’afficher une quantité gargantuesque d’éléments tout en reposant son gameplay sur trois leviers, dont deux sont bien connus des amateurs du genre : la gestion et la créativité. La troisième corde à l’arc de Planet Coaster, et non des moindres, est celle du partage, qui justifie le choix du PC en tant qu’unique plateforme supportée, vous comprendrez vite pourquoi. Mais si Planet Coaster remplit déjà avec brio ses deux premiers rôles, à savoir création et partage, lesquels furent très efficaces durant les différentes phases d’essai du titre, un aspect essentiel restait encore relativement caché : la gestion. Concernant cette dernière, le voile fut donc levé mi-novembre avec l’arrivée de la version finale. Qu’a donc à offrir cet habile ensemble, si emballant, que l’on estime déjà comme l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, jeu de gestion/création de parc d’attraction ?
UN MOTEUR ULTRA PUISSANT
Parlons donc technique pour commencer. Planet Coaster explore une philosophie très maline concernant son design, sa réalisation, et ses possibilités. Revêtant un enrobage à la fois réaliste et cartoon, notamment pour l’animation de la foule, le jeu de Frontier sait se faire économe en procédés technologiques gourmands. N’allez pas vous attendre à une bombe d’esthétisme ou à une claque graphique à gros coups de shaders, non. Planet coaster joue la carte plus discrète de la puissance d’affichage, en proposant à vos configurations d’afficher des parcs immenses dans lesquels baigne une la foule réaliste fourmillant d’envies et de besoins. Tout s’anime, brille, et reluit, ce qui procure l’émerveillement bien connu des parcs. Attention toutefois à ne pas être trop gourmand sur vos options car les paramètres les plus élevés vous imposeront d’avoir une configuration ultra-costaude si vous souhaitez jouer de manière fluide dans un parc très animé. Les possibilités de création sont dignes d’un logiciel 3D simplifié mais sont efficace et l’on peut bâtir son parc comme on le souhaite, sans trop de difficulté, façonnant aussi bien le terrain, les attractions, allées, mais aussi les bâtiments qui peuplent votre domaine et pourront être dupliqués pour vous faciliter la tâche.
Partez donc du principe que tout, dans Planet Coaster, n’est qu’un assemblage d’éléments. Vous pouvez en effet prendre une fenêtre, la bouger, y ajouter un panneau, greffer le tout sur une échoppe tout en changeant les couleurs, sauvegarder votre nouveau bâtiment et le réutiliser à volonté… Des formes simples sont aussi à votre disposition si vous vous sentez l’âme d’un artiste qui tente de reproduire un X-Wing pour une attraction Star Wars ou n’importe quel élément qui pourrait vous servir à grande échelle : vous êtes libre de faire ce que vous voulez, ou presque. On notera tout de même au passage l’absence de feature permettant de redimensionner les objets, ce qui est dommage mais compréhensible (à cause notamment des soucis d’optimisation qu’elle pouvait apporter). L’outil s’avère très complet et profite d’une caméra efficace bien que parfois capricieuse. On prend plaisir à soigner les détails pour ensuite profiter du tout en se glissant dans la peau d’un des visiteurs, qu’il soit dans les allées, dans les magasins, ou dans une attraction.
LE PARTAGE AU CENTRE DE L’EXPÉRIENCE
La feature-clé de ce Planet Coaster est le partage, comme nous le disions plus haut. D’un simple clic, il est en effet possible de partager son parc, son attraction, ou même sa création atypique. L’intérêt d’un tel procédé est sa praticité. Il est en effet très facile de trouver, télécharger, et incorporer des éléments créés de toute pièce par les joueurs du monde entier. Ainsi, c’est grâce à une communauté proactive et très inventive que Planet Coaster s’offre, dès sa sortie, des milliers d’éléments conçus par les joueurs. Cela vous aidera à vous inspirer, et vous fera gagner beaucoup de temps si vous souhaitez inclure des éléments précis dans votre parc. Le Workshop de Steam prend ici tout son sens et s’avère parfaitement adapté au jeu. Attention toutefois à ne pas se désespérer en voyant ce que les autres ont réussi à faire tandis que vous bataillez à faire une maison correcte dans le cas ou vous ne masterisez pas encore parfaitement l’outil.
CAMPAGNE ET MODE DÉFI
Si vous avez suivi nos Gaming Live et preview sur le titre, tout cela, vous le savez déjà. Mais ce qu’apporte désormais la version finale, en plus d’assets supplémentaires, c’est tout l’aspect gestion et progression du joueur. Tablant sur un système à niveau et à objectif pour déverrouiller au fur et à mesure les éléments de la campagne, Planet Coaster la joue un peu timide sur les enjeux des échelons. On appréciera être challengé sur des objectifs chiffrés, mais le cœur de l’expérience demeure la création et le partage. La gestion se veut simple, logique, et efficace, même si elle manque d’éléments de scénario. On aurait aimé devoir faire face à des soucis de grande envergure, à des problèmes météo (absents du titre) où à des catastrophes naturelles venant détruire certains pans du parc ou en tout cas handicaper sévèrement son fonctionnement. A chaque objectif (facile, moyen et difficile), on débloque des étoiles, nécessaires pour avancer vers d’autres missions, d’autres situations venant à chaque fois vous offrir un nouveau parc de départ, designé par les développeurs. Ces parcs sont une excellente inspiration pour vous montrer ce qu’il est possible de faire. Comprendre comment fonctionnent les déclencheurs sur les manèges pour augmenter leur efficacité, manager la foule pour qu’elle circule bien et optimiser les placements de magasins, buvettes et autres bâtiments au sein de votre création. En somme, cette section Campagne, et les défis (qui changent à chaque chargement de partie et se succèdent au gré de vos réussites), ne viennent que procurer un peu de challenge à ceux qui en ont marre de créer où à ceux qui souhaitent mettre à l’épreuve leurs talents de gestionnaire. Manque de bol, ce dernier aspect, très attendu, fait le travail sans pour autant surprendre.
UNE GESTION SUFFISANTE MAIS PAS ÉTONNANTE
L’aspect gestion du parc est donc bien présent, il y est efficace mais ne s’inscrit pas vraiment au même niveau que les pans « création et partage », dont l’audace habite le jeu de manière magistrale. Comme dans les classiques du genre, une grosse partie de cette discipline s’axe autour des employés, on peut les embaucher, les affecter à des lieux et les former pour accentuer leur efficacité. Il faudra faire attention à leurs retours, et optimiser leurs points de vente. Dans le cadre d’un vendeur de burger, le placement de l’enseigne sera important, de même que son design. Les produits qu’ils vendent ont aussi un intérêt. On peut en effet changer la quantité de chaque ingrédient pour réduire les couts de production d’un burger par exemple ou d’un soda. « Le sel dans les frites », un grand classique, a aussi son importance et les visiteurs auront naturellement plus soif si vous augmentez ce paramètre. Le tout suit une logique efficace mais pas vraiment surprenante. Au rayon des features de gestion, on notera aussi une flopée de tableaux sur vos revenus et dépenses, sur les comportements globaux des visiteurs, sur les populations qui viennent au parc et ce qu’elles en pensent ou encore sur les emprunts que vous pouvez effectuer. On notera également la possibilité de rameuter du monde en finançant des campagnes marketing et l’organisation de recherches pour déverrouiller de nouvelles choses pour votre parc (attractions, bâtiments, éléments variés). Voilà, c’est déjà pas mal mais il manque peut être ce brin de folie qui fait de Planet Coaster le jeu ultime en matière de création et de partage. A la manière d’un City Skyline, la navigation comportementale de vos visiteurs dans le parc sera l’objet de toutes les attentions une fois les finances dans le vert, et cela arrivera vite au bout de quelques parties. Un parc qui marche est un parc bien conçu et c’est là-dessus que les magnats de l’optimisation travailleront le plus une fois la gestion de base maitrisée.
LE PLAISIR À L’ÉTAT BRUT
En dépit de ces quelques défauts et imperfections (et d’un manque de variété en matière d’attractions), Planet Coaster apporte aux joueurs un véritable rêve de gosse, celui de modeler selon ses envies un écosystème, un lieu de vie et d’amusement, grâce à des outils pratiques et très puissants. Si vous avez joué aux LEGO dans votre jeunesse, vous serez à coup sûr aux anges durant vos premières parties. Essayer soi même les montagnes russes que l’on a conçu pendant des heures est un véritable plaisir (il manque plus qu’un mode VR), et l’on se plait à passer des nuits entières à creuser en sous sol sa nouvelle attraction, plaçant ça et là des déclencheurs pour effrayer le public et surprendre les joueurs à qui l’on va partager le parc. C’est une véritable panacée créative qui s’offre à vous, et la seule limite sera votre imagination et votre lassitude à l’égard du concept. Parc en intérieur, reproduction fidèle d’univers connus, attractions folles, tout est à votre portée, et si vous manquez d’inspiration. Un petit tour sur le workshop vous sera sans doute d’une grande utilité. Ce dernier permettra même aux plus ambitieux une forme de travail collaboratif, même si l’on aurait aimé un mode online où chacun travaille sur le parc en temps réel… Qui sait, ça sera peut être pour plus tard… Vu le succès du jeu et les forces de ce dernier, Frontier tient quelque chose et il serait bête de ne pas apporter plus de contenu à l’œuvre.